Un texte sorti de l’imagination d’un de nos adhérents.
DIALOGUE DE 403
- Eh ! toi, la Rose, toujours collée au bord de la route !
- De quoi j’me mêle la Borgne ? toujours couchée dans l’herbe !
- Au moins moi je respire la nature, alors que toi, la Rose, tu vas finir par empester le bitume.
- Mais non ! moi aussi j’ai de l’herbe mais sur un côté et si ça m’dit j’me décale pour m’y reposer un pneu.
- Un de tes pneus de vieille belle la Rose, encore tout maquillés des flancs ?
- Je veux ! pas comme toi la Borgne dont les pneus s’enlisent chaque jour un peu plus dans la boue.
- D’abord ils s’enlisent pas mes pneus, ils se cachent c’est tout ! Je suis discrète MOI, pas comme toi la Rose !
- Discrète ! évidemment quand on est plantée au fin fond d’un trou de campagne seulement peuplé par les bovins ! D’ailleurs ils doivent s’ennuyer ferme ces bovins à te regarder t’avachir, toi la Borgne qui ne broute même plus.
- Moi je fais ce que je veux ! pas comme toi avec ton « Renaud » et son air de camion pour enfant. Il est toujours à te surveiller d’aussi prêt la Rose ?
- Il ne me surveille pas, il me protège, il me couvre des regards trop appuyés.
- Trop appuyés ? c’est lui qui écarquille les yeux tellement tu lui fais du gringue.
- Toi la Borgne, tu aurais bien du mal à faire du gringue à qui que ce soit ! prends donc la peine de te nettoyer la face et de t’habiller la calandre.
- Tu sais bien la Rose que moi je ne suis qu’une sept
- Ah oui c’est vrai la Borgne, j’avais oublié. Etre une huit n’est pas donné à tout le monde.
- Ouais ! mais toute sept que je suis, moi je peux m’ouvrir le chef et chauffer mon intérieur au soleil, tandis que toit…
- Ah le jeu de mots ! MOI mon intérieur est privé ! personne ne peut y jeter un œil, même pas toi la Borgne.
- Privé ! tu veux dire clos, tellement clos qu’on ne sait pas ce qui s’y passe, où qu’on le sait trop bien !
- Là tu dérapes la Borgne ! moi je ne te parle pas de tes airs de vieille… je préfère m’arrêter là.
- Tu as raison la Rose, arrêtons-nous là. D’ailleurs à l’évidence toi et moi sommes arrêtées depuis longtemps et pour un bon bout de temps encore.